Expositions chaudement recommandées

250e Caspar David Friedrich (1774-2024), Albertinum, Dresden, du 28 août 2024 au 5 janvier 2025

Non seulement l'exposition est très bien faite, enrichie de comparaisons avec des oeuvres des contemporains de Friedrich et des peintres anciens qui l'ont inspiré, mais la ville elle-même vaut largement le voyage. Caspar David Friedrich, un peintre singulier qui force l'attention lorsque l'on aborde la période du Romantisme allemand. Point d'effets spéciaux type orages dévastateurs, scènes relatant des évènements dramatiques, compositions abusant de la diagonale scénographique ou d'éléments pittoresques. Pas de thématiques issues de l'Antiquité non plus. Rien en fait de ce qu'aimait recommander Goethe aux peintres de l'époque. Caspar David Friedrich se consacre au paysage. Une faculté absolument renversante de voir et de nous faire voir ce qui est devant nos yeux. Paysages dont on ressent immédiatement qu'ils n'ont pas de limites perceptibles, s'étendant et se prolongeant bien au-delà du cadre de la toile qui est devant nous jusqu'à habiter et envahir notre propre cerveau. Un morceau de terre ou de mer suggérant à lui seul la vastitude du monde qui nous entoure et qui nous interroge. Et c'est sacrément puissant.

Car Caspar David Friedrich ne peint pas pour honorer et transmettre la seule beauté. Il s'en explique dans quelques lettres. La peinture est chose humaine, donc il s'agit de faire oeuvre d'humain. et non pas de "refaire la nature", c'est-à-dire de traduire la nature et ses effets sur la toile. "Ein Bild muss sich als Menschenwerk gleich darstellen, nicht aber als Natur täuschen wollen". Il est question plutôt de prendre appui sur elle afin de sublimer picturalement ses caractéristiques et créer ainsi pour le regardeur un espace-image propice à nourrir son développement spirituel.

A voir et à expérimenter. Si ce n'est pas dans cette exposition, allez dans un des deux grands musées qui abritent ses plus belles oeuvres: la Nationalgalerie de Berlin et la Kunsthalle de Hambourg. En Suisse, un très beau Friedrich "Kreidefelsen auf Rügen", 1818, est au Kunstmuseum de Winterthur.

Caspar David Friedrich, "Der Mönch am Meer", 1808-1810, Berlin Alte Nationalgalerie

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