Regards à l'oeuvre

05.12.2016

Chroniques du Nouveau Monde 7


"Nous irons jusqu'à Valparaiso"

San Pedro de Atacama-Purmamarca-Cafayate-Mendoza-Valparaiso, Argentine-Chili, du 23 au 30 novembre 2016

La chanson d'Hugues Auffray tourne dans ma tête tandis que nous gravissons et dévalons les cordillères, aspirant le même air bleu que l'Aconcagua, buvons, aux terrasses des douces estancias, le Torrontes doré que les Jésuites implantèrent autour de Mendoza, un œil sur le grilloir. En guise de "fameux trois-mâts fin comme un oiseau" c'est avec nos 3 grand-mères 4x4 que nous jouons à saute-montons par-dessus la frontière cileno-argentine, notre jeune Nissan rouge ayant choisi de s'arrêter pile à 5074 m d'altitude sur la piste caillouteuse du somptueux désert bolivien, entre le kaléidoscope de la Laguna Colorada, un cratère sifflant de geysers et une usine d'extraction de borax compatissante à nos malheurs qui nous l'abrita en attendant d'être remorquée jusqu'à Cochabamba (800 km!) pour retrouver définitivement ses propriétaires.

Valparaiso. Symboliquement, pour moi c'est la fin du voyage. Devant le mur recouvert de liserons bleu saphir qui, dans le dos de ma chambre d'hôtel, sépare le Plan, étroite bande de terre colonisée par les blancs services commerciaux, des 42 collines multicolores dont l'ocre Paséo Gervasoni qui me surplombe. Dans l'océan domestiqué du grand port, invitation permanente à l'ailleurs. Dans la "maison en l'air" du poète Pablo Neruda, jacarandas pervenche à la fenêtre, la reproduction pâlie du "Rêve" du Douanier Rousseau épinglée dans la salle à manger, des portraits d'anciens voiliers dans les coursives. Sur les escaliers à mosaïques où dorment les chiens de rue aux yeux de miel que personne ne maltraite. Devant les murals emphatiques, sur la roue rouge des ascenseurs à poulies, remonter le temps et admirer quand même l'hypocrite doigt levé de l'Hermès de bronze accroché à la coupole du siège du journal Mercurio, celui-là même qui, hélas, précipita, avec le quartier général de la marine de Valparaiso, la chute d'Allende.

Encore un Pisco Sour, por favor, se regarder voir dans le grand miroir du bar Cinzano, avant de rentrer à la maison, dès demain 1er décembre, en passant par la Patagonie et ses coulisses australes.

Marie

Expédition Amérique du Sud avec Voyages et Culture
22 octobre-23 décembre 2016
Le Carnet de Marie Morand



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Des oeuvres et des sites choisis en vertu de leur exceptionnelle capacité à incarner notre histoire. Une approche lente, sensible et en profondeur, afin d'en révéler le sens et, pourquoi pas, construire une expérience personnelle de la beauté. Réveiller notre regard. Voir… vraiment voir.